Vies sauvages de Daniel Fohr
par Éric Arlix
L’histoire de Vies sauvages se déroule dans un zoo mais bien au-delà aussi. Ses occupants, humains et non-humains affrontent une réalité bien triste, vivre en prison demande des efforts, une configuration bien précise. Au début je ne voyais pas du tout ou l’auteur voulait m’emmener, mis à part son style léger et flamboyant, documenté et drôle ce qui en soit était déjà énorme.
La sentience animale est ici poussée à son maximum, une intimité que le lecteur partage avec des animaux, leurs conscience et la jubilation de lire les comparaisons que l’auteur ne cesse de faire entre des comportements de non-humains et leurs parallèles humains.
Mais la vie du zoo devient petit à petit le théâtre de rebondissements que le lecteur commençait à pressentir dans les 120 premières pages. Humains et non-humains sont confrontés à de l’inattendu, à des prises de décisions, à des moments-clés et le parc animalier n’est plus dès lors ce lieu artificiel de divertissement mais un biotope en pleine révolution.
Intense lecture, jubilation dans les détails, les analogies, le style, un grand livre qui sans prétention politique affichée est un grand roman politique contemporain.
Daniel Fohr, Vies sauvages, éditions Inculte, 2024.
242 pages – 22 euros