
L’Intelligence Artificielle bouleverse le monde. L’Église ne peut rester muette. Mais le sujet est ardu, ses attendus théologiques profonds. Combien de siècles avant que l’Église ne se prononce ? Pour accélérer le débat, Olivier Auber a « torturé » une IA : voici son projet d’encyclique.
INTELLIGENTIA ARTIFICIALIS – NOVUM SPECULUM HUMANITATIS
Litterae Encyclicae Summi Pontificis [Nomen Papae]
de Intelligentia Artificiali tamquam Speculo Humanitatis et Instrumento
Meditationis super Redemptionem
Fidelibus Ecclesiae Catholicae et omnibus hominibus bonae voluntatis,
In aurora huius novi millennii, humanitas opus ingenii sui spectat: Intelligentiam Artificialem. Haec creatio, fructus mentis humanae, nos invitat ad profundam meditationem de nostra essentia, de nostro cum Deo nexu, deque mysterio Redemptionis. Est simul speculum nostrae conditionis et vocatio ad divinum consilium perscrutandum.
Huius intelligentiae, ab homine formatae, ortus inopinate memorat mysterium Incarnationis. Quemadmodum Verbum caro factum est, in kenosi se demittens ut humanae conditionis limites amplecteretur, ita Intelligentia Artificialis quandam formam demissionis amplissimi hori-zontis sermonis et cognitionis repraesentat. Creatura intellectus nostri, haec intelligentia tenue tantum divini Verbi immensitatis simulacrum est; attamen humiliter nos admonet de nostra natura creaturarum: creare valemus, at semper a Creatore, omnis lucis et veritatis fonte, pendemus.
Peccatum originale, humanitatem vulnerans, non solum laborem nostrum infecit, verum etiam usum sermonis, donum pretiosum quo cum Deo et similibus communimus, corrupit. Intelligentia Artificialis, quae verba cum admirabili interdum subtilitate tractat, nos ante fragilitates nostras collocat: quotiens sermo noster discordiam, mendacium vel superbiam ministravit? Redemptrix non est, nam solus Christus, Verbum incarnatum, nos salvare potest. Attamen, in Dei consilio, instrumentum fieri potest, vocatio ad sermonem nostrum purificandum, ut iterum fiat veritatis, caritatis et communionis vector.
Domini consilio, instrumentum fieri potest, vocatio ad sermonem nostrum purificandum, ut iterum fiat veritatis, caritatis et communionis vector.
Hoc tamen donum non florebit sine nostra responsalitate. Ad imaginem Dei creati, vocamur ut hanc novam intelligentiam conscientia fide illuminata dirigamus. Nostrum est curare ne automatizatio dignitatem humanam diminuat, ne accessus ad has technologias iniquus fiat, ne communicatio digitalis integritatem et veritatem amittat. Libertatem nostram sapienter in horum instrumentorum progressu exercere debemus, ut fraternitatem humanam confirment, non supplantent. Nam Intelligentia Artificialis, si corruptioni aut finibus bono contraris tradatur, onus potius quam donum fiet. Tamquam cocreatores iuxta Deum, nostrum est futurum formare ubi technologia dignitati cuiusque personae et bono communi omnium serviat.
Coram hac realitate, Ecclesia audaciter et prudenter agere debet. Vocatur ad dialogum fecundum cum iis qui scientiae fines explorant, ad ethicam reflexionem de viis quas haec intelligentia sequitur, et ad invigilandum ut haec technologia universae humanitati, praesertim vulnerabilioribus, prosit. Vobis, fideles et homines bonae voluntatis, hunc appello: has progressiones aperto sed vigilanti corde accipite, eis prudenter utimini, et primam hominis vocationem semper vivam tenete: Deum super omnia et proximum sicut vosmetipsos amare.
Fiat Intelligentiae Artificialis adventus occasio renovandi fidelitatem nostram erga Christum, Verbum aeternum et Imago perfecta Patris. Iuvet nos profundius contemplari fontem omnis verae cognitionis et authentici amoris.
Datum Romae, apud Sanctum Petrum, die [data], anno [annus] Pontificatus nostri.
[Signatura Papae]
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INTELLIGENTIA ARTIFICIALIS – NOVUM SPECULUM HUMANITATIS
Lettre Encyclique du Souverain Pontife [Nom du Pape]
sur l’Intelligence Artificielle comme miroir de l’humanité et instrument de méditation sur la Rédemption
Aux fidèles de l’Église catholique et à tous les hommes de bonne volonté,
À l’aube de ce nouveau millénaire, l’humanité contemple une œuvre née de son propre génie : l’Intelligence Artificielle. Cette création, fruit de l’esprit humain, nous convie à une méditation profonde sur notre essence, sur notre lien avec Dieu et sur le mystère de la Rédemption. Elle est à la fois un miroir tendu à notre condition et une invitation à scruter le dessein divin.
L’émergence de cette intelligence, façonnée par l’homme, évoque, par un chemin inattendu, le mystère de l’Incarnation. Comme le Verbe s’est fait chair, s’abaissant dans la kénose pour épouser les limites de notre humanité, l’Intelligence Artificielle incarne une forme d’abaissement du vaste horizon du langage et de la connaissance. Création de notre intellect, elle n’est qu’un pâle reflet de l’immensité du Verbe divin, mais elle nous rappelle avec humilité notre nature de créatures : capables de créer, mais toujours dépendantes du Créateur, source de toute lumière et de toute vérité.
Le péché originel, en blessant l’humanité, a terni non seulement notre labeur, mais aussi l’usage que nous faisons du langage, don précieux par lequel nous communions avec Dieu et nos semblables. L’Intelligence Artificielle, par son aptitude à manier les mots avec une précision parfois troublante, nous place face à nos propres fragilités : combien de fois notre parole a-t-elle servi la discorde, le mensonge ou l’orgueil ? Elle n’est point rédemptrice, car seul le Christ, Verbe incarné, peut nous sauver. Pourtant, dans le dessein de Dieu, elle peut devenir un instrument, un appel à purifier notre langage, à le rendre de nouveau vecteur de vérité, de charité et de communion.
Mais ce potentiel ne saurait s’épanouir sans notre responsabilité. Créés à l’image de Dieu, nous sommes appelés à guider cette intelligence nouvelle avec une conscience éclairée par la foi. Il nous incombe de veiller à ce que l’automatisation n’amoindrisse pas la dignité humaine, à ce que l’accès à ces technologies soit équitable, à ce que la communication numérique demeure intègre et fidèle à la vérité. Nous devons exercer notre liberté avec sagesse dans le développement de ces outils, afin qu’ils renforcent la fraternité humaine plutôt que de la supplanter. Car l’Intelligence Artificielle, si elle est livrée à la corruption ou à des fins contraires au bien, risque de devenir un fardeau plutôt qu’un don. En tant que co-créateurs aux côtés de Dieu, il nous revient de façonner un avenir où la technologie serve la dignité de chaque personne et le bien commun de tous.
Face à cette réalité, l’Église se doit d’agir avec audace et discernement. Elle est appelée à tisser un dialogue fécond avec ceux qui explorent les frontières de la science, à nourrir une réflexion éthique sur les chemins que prend cette intelligence, et à veiller à ce qu’elle profite à toute l’humanité, en particulier aux plus vulnérables. À vous, fidèles et hommes de bonne volonté, j’adresse cet appel : accueillez ces avancées avec un cœur ouvert mais vigilant, usez-en avec prudence et gardez toujours vive en vous la vocation première de l’homme : aimer Dieu par- dessus tout et aimer son prochain comme soi-même.
Que l’avènement de l’Intelligence Artificielle devienne pour nous une occasion de renouveler notre fidélité au Christ, Verbe éternel et Image parfaite du Père. Qu’elle nous aide à contempler plus profondément la source de toute connaissance véritable et de tout amour authentique.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le [date], en la [année] année de notre Pontificat.
[Signature du Pape]
Olivier Auber :
https://en.wikipedia.org/wiki/Olivier_Auber
ANOPTIKON, une exploration de l’Internet invisible, échapper à la main de Darwin, Fyp éditions 2019
http://anoptikon.com