
Vous êtes l’ancien directeur du Bureau fédéral d’enquête des États-Unis (FBI), chargé notamment de l’antiterrorisme et du contre-espionnage, brutalement viré en 2017 par le 45ème président alors que vous aviez des soupçons sur une ingérence étrangère. Vous vous promenez un matin tranquillement sur la plage et vous découvrez dans le sable quatre chiffres écrits avec des coquillages, ou peut-être avez-vous ramassé quelques coquillages et vous êtes-vous amusé à les disposer ainsi dans le sable. Vous êtes un peu artiste à vos heures perdues. Vous prenez une photo de la composition et vous la postez aussitôt sur votre réseau social préféré. Vous êtes un peu poète le matin de bonne heure au bord de la mer. Vous écrivez : « Cool shell formation on my beach walk ». Poète mais pas très fin cryptanalyste malgré vos anciennes responsabilités. Vous vous dites bien que ce code a peut-être un sens politique mais ce matin il fait beau et l’esthétique prime sur la sémantique. On laisse émerger la forme pour voir comment ça parle disent les artistes. Et ça parle ! Deux heures plus tard les petits coquillages déclenchent une véritable tempête médiatique. Vos détracteurs, votre successeur, la ministre de la Sécurité intérieure, le directeur des services secret et la cheffe du renseignement national vous accusent d’une seule voix d’appeler à l’assassinat du président ! C’est grave. Quoi, vous ne le saviez pas ? En anglais, utilisé comme un verbe, to « eighty-six » veut dire « ignorer » ou « se débarrasser » (cf. wikipédia). Et comme le 45ème président est dorénavant le 47ème, c’est limpide ! Vous voilà menacé de prison, c’est ennuyeux. La poésie, même cryptée, c’est dangereux… Mais on vous aime bien comme instapoète et photographe amateur. Continuez à rêver au petit matin sur la plage.
