J’ai l’intention de lire encore un quart d’heure mais, à l’évidence, je ne parviens plus à me concentrer sur ma lecture car après avoir entamé quelques recherches je ne peux résolument pas cesser de penser à ce mèl mystérieux que je viens de recevoir et qui de fait m’obsède déjà. Quel pourrait en être l’auteur réel, si jamais il s’agit d’un homme ? Parmi les milliers d’articles que j’ai publiés, plusieurs centaines présentent un caractère surprenant en raison de leur contenu, de leur forme voire de leur propos et sont parfaitement inattendus à l’endroit d’un site spécialisé dans l’automobile. Plusieurs facteurs expliquent la publication soit la mise en ligne et le maintien de tels articles. Le principal tient à la présence du rédacteur en chef de Caradisiac qui, depuis la création du site, tend à proposer des contenus et des manières de faire qui essaient autant que faire se peut de sortir de l’ordinaire. Claude Barreau, pour le nommer, est un ancien artiste ; il a aussi écrit un roman qu’il n’a pas encore réussi à faire éditer. Sans Claude, jamais je n’aurais pu m’autoriser de faire ce que j’ai fait sur Caradisiac d’abord sous l’un de mes hérétonymes d’écrivain puis en mon propre nom. Le 12 avril 2010, dans une rubrique dénommée à l’initiative de Claude Dérapage nocturne, j’initie le thème Minuit chicanes dont l’acronyme MC renvoie les amateurs de sport automobile au Monte-Carlo qui reste l’un des rallyes les plus redoutables. Chaque soir de la semaine sauf le week-end, un article est publié à 22 heures. Le premier MC, « (Minuit chicanes) Un artiste, Till Rabus, inspiré par Caradisiac », présente la série de peintures que l’artiste Till Rabus a intitulé du nom du site. Quelques semaines plus tard, le 27 mai, je décroche une interview de Till Rabus dans laquelle lui et moi nous entretenons de son intérêt pour l’automobile. Lorsque je lui demande comment cette série est advenue, il me répond: « Je m’inspire des phénomènes sociaux. Et l’automobile constitue un fort révélateur de comportements sociaux. Il était logique que je m’y intéresse. » J’en suis d’accord. Il est tombé sur le site en cherchant à se documenter et y a trouvé des photos HD. Celles qui nous sont fournies par les constructeurs et que nous uploadons lorsqu’un nouveau modèle est révélé. Dans la même rubrique, des thèmes secondaires sont plus tard ajoutés dont la durée éditoriale est parfois très courte. Il s’agit notamment des « J’aime de nuit », « RE ou les ADRE », « Fausses notes ». Il y a même une revue littéraire, poétique et artistique, Périscope, et probablement d’autres dont je ne me souviens même plus. Chaque fois, le défi consiste à lier le propos soit à l’automobile quand bien même de manière la plus ténue possible soit à la vie de Caradisiac voire à la pratique du net. Des dossiers consuméristes, des essais, des interviews, parfois des micros-trottoirs, la couverture de salons en France et à l’étranger ou de compétitions et bien entendu l’information continue relative à l’actualité de nouveaux ou de futurs modèles représentent néanmoins le lot quotidien de mon travail et de celui de mes collègues. L’audience atteint un niveau phénoménal. Elle est équivalente à celle d’un site de presse généraliste tel que Libération.
Extrait de Transports anonymes (inédit)
Antoine Dufeu, écrivain et poète, est l’auteur d’une quinzaine de livres dont Nous (Mix., 2006), Abonder (NOUS, 2010), AGO – autoportrait séquencé de Tony Chicane (Le Quartanier, 2012), Sic (al dante, 2015), Sofia-Abeba (MF, 2020), Nous abstraire (éditions de l’attente, 2022). Il forme avec Valentina Traïanova le duo Lubovda. Il est également éditeur, enseignant, journaliste et revuiste. Il vit à Paris. Dernier livre paru : Blanchiment (KC éditions, septembre 2025).
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