
Ciel d’azur. Soleil éblouissant.
Télescopage des massifs rocheux.
Propulsé par des moteurs à réaction tournant à plein régime, un jet privé tronçonna l’espace au-dessus d’un vaste enchevêtrement de montagnes aux pentes escarpées. Après un virage sur l’aile, l’appareil mit le cap sur une base militaire située dans une vallée désertique, protégée par des versants abrupts. Une défense aérienne en alerte permanente, dotée de radars de surveillance longue portée, excluait toute approche hostile de cette base ultra secrète dont l’existence ne figurait sur aucune image satellite visualisant cette partie du globe terrestre. La descente achevée, le jet privé se posa sur une piste d’atterrissage au bout de laquelle, guidé par la tour de contrôle, il disparut dans un tunnel percé dans le flanc du massif montagneux. La construction en béton armé grouillait de soldats en uniforme. Les moteurs du jet éteints, un homme en costume trois-pièces, calé dans un fauteuil roulant, apparut en haut d’un escalier amovible, installé à la porte de l’appareil par une équipe de techniciens. Dès que les roues du fauteuil roulant touchèrent le sol, Roy Kingley se dirigea vers un homme en civil, posté devant un tout-terrain blindé. Les deux hommes échangèrent une poignée de main. Montés à bord du véhicule, ils furent déposés devant un abri antiatomique, dont Ross Norton, muni d’un badge d’accès, fit coulisser la porte d’entrée. Visiblement familier des lieux, Roy Kingley emprunta le couloir menant vers le poste de commandement où, plongés dans la révision de leurs dossiers, trois hommes en costume-cravate attendaient sa venue. Les salutations furent rapides mais chaleureuses. Unis par des intérêts idéologiques communs, les hommes présents au poste de commandement travaillaient ensemble depuis des années, habitués à gérer en équipe soudée n’importe quelle crise. Roy Kingley s’installa à sa place en tête de la table de travail, vérifia que tous les systèmes de cyberdéfense étaient activés, coupa la vidéosurveillance de la salle. Il s’agissait d’une réunion confidentielle. Rien de ce qui serait dit entre les murs de cet abri ne devait filtrer.
Segment narratif du roman Trust, à paraître, KC éditions, 15 octobre 2025
Pavel Hak est né en Bohême. Exilé en France en 1986, diplômé en philosophie à la Sorbonne, il est l’auteur de plusieurs romans. Après le très remarqué Sniper (2002, éditions Tristram), il obtient le Prix Wepler pour Trans (2006, éditions du Seuil), publie Warax (2009, éditions du Seuil), se voit décerner le Prix Littéraire des Jeunes Européens pour Vomito negro (2011, éditions Verdier), puis il publie Autobiographie (KC éditions, 2024). Ses livres sont traduits dans plusieurs langues. Il vit à Paris.
https://www.kceditions.fr/index.php/trust/
https://www.pavelhak.com/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pavel_Hak
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