Art, mode, luxe et poudre aux yeux
par DeYi Studio
Soyons mauvais, soyons ronchon. Bien sûr TINA est positive et nous préférons trois fois
signaler ce qui nous intéresse. Il faut ouvrir des pistes, offrir des ressources, nourrir l’espoir.
Mais soyons râleurs aussi. Il s’agit parfois de déblayer le terrain pour faire un peu de place et y
voir plus clair. Quitte à passer pour des jaloux aux yeux des parvenus, soyons bougon,
soyons grincheux !
Il paraît que se tient ces jours-ci Art Basel Paris. On s’en fout littéralement. Le ridicule du
nom où ce qu’il dit des reconfigurations du marché de l’art ne nous tracasse pas
spécialement. Les événements associés, off ou officiels, ne nous concernent pas
davantage. Pourtant un « projet spécial » du « programme public » nous réjouit assez, dans sa
bêtise prévisible. Il fallait s’y attendre, c’était inéluctable. Après Anne Imhof, Nile Koetting, et
d’autres sans doute, qui nous assommaient déjà de performances contaminées par
l’esthétique de la mode, de ses défilés et de ses magazines – poses d’indifférence affectée,
gestes d’abandon maitrisés, désinvolture calculée, élégance décalée, arrogance naturelle,
grises mines systématiques, misérabilisme chic, révolte simulée dûment rémunérée – voici le
retour de bâton. Même chose à peu près, mais dans l’autre sens.
Une maison de mode fait de l’art. Les performeurs n’ont plus l’air de mannequins, ce sont les
mannequins qui performent. Bref, le défilé de mode statique et prolongé en tant
qu’exposition. Le tour est joué. On ne va pas pleurer. il n’y a rien à sauver dans les
expositions. Mais c’est tout de même assez drôle de voir ce tour de passe-passe. Et il se
trouve des artistes pour signer cette mascarade et des directrices de musée pour l’avoir
curaté (sic). Et il se trouve des revues d’art pour nous servir cet « ambitieux projet » comme
« expo-spectacle troublante ». Ce qui est troublant c’est le niveau d’imbécilité à ce stade
avancé de la compromission. Que des réalisatrices de talent acceptent de gagner un peu
d’argent en tournant un film publicitaire, passe encore, les temps sont durs. Mais l’on croit
rêver quand on vient nous expliquer doctement qu’une marque de luxe prétend sur le dos de
l’art donner des clés pour aider les femmes et montrer que l’empowerment est possible. Ou
bien faut-il se retenir de vomir sur le dos de l’art ?
En savoir moins :
https://www.beauxarts.com/expos/entre-cinema-art-et-mode-la-troublante-experience-immersive-de-miu-miu-au-palais-diena/
https://numero.com/art/numero-art/lexposition-miu-miu-au-palais-diena-quand-le-cinema-prend-vie/
En savoir plus :
https://www.miumiu.com/fr/fr/p/embroidered-silk-and-wool-panties/SP9424_13V5_F0D91_S_232
crédit photos : Courtesy Miu Miu / t-space studio