
Elle se dresse – notre barricade – BRR35
Au sommet nous retrouvons notre place, bannis de Klepta et emprisonné en son sein –
Elle se dresse – BRR35 – suffisamment élevée pour que l’odeur de la rue, amère, pleine de rancune et de disparition, ne nous renverse pas –
Pleine lune, Chiene et moi crions ça sort de nos cous Nous échangeons nos yeux Je vois avec mon nez ma fourrure tout devient sons formes et odeurs Je souhaite être digne de Chiene, sans Chiene je serai morte depuis longtemps il n’y a que Chiene pour évaluer les risques tromper l’ennemi supporter l’attente si nous triomphons ce sera grâce aux Chienes –
Je me demande comment va Cyclope elle me manque elle nous manque si je pouvais caresser son duvet si je pouvais l’entendre j’espère qu’elle va bien, aucune nouvelle depuis plusieurs ères –
Où sommes-nous ? Existe la possibilité d’un échec Total –
Dans cet horizon absolument vide Absolument – Vide –
D’où viendront-ils et quand et combien, et surtout qui sont-ils Et de jour en jour Pourquoi
La nuit ne nous fait pas fuir – le ciel nous recouvre Sous sa couverture nous nous endormons Pelage léger frissonne la drogue se diffuse nous n’aurons jamais peur nous n’aurons jamais faim La drogue synthétique synthèse de toutes les drogues de toutes les guerres depuis le cidre des ancêtres en passant par les lsd du vietnam les amphèt d’irak nous sommes gonflés à bloc go.pills.go –
Pleine lune à moitié somnolente les dunes fondent autour de nous Les cendres tout ça Nous ne bougeons pas, moi non plus Je regarde à l’intérieur de la gélatine des yeux des images s’invitent et disparaissent il ne faut pas laisser passer trop de temps immobile Je dois traverser la perspective et m’éloigner –
Les yeux fiévreux et sur le qui-vive Chiene me distance m’entraine dans sa course maximum mes pieds glissent si vite je la rattrape nous prenons l’élan nécessaire à s’envoyer au sommet de la BRR33 C’est la nuit et pourtant les salopards de phares crèvent l’obscur nous mettent en danger dans leurs grincements tournoiements Je repousse mes manches de poils ce simple froissement me fait sursauter Les bruits se mettent à courir les cris les ombres les flèches Courir courir le long des crêtes des BRR nous nous mettons aussi à courir
À l’aube
Nos truffes trafiquent
La terre
Cherchent l’eau ses perles
Soit terriblement chaud soit terriblement froid qu’importe La peau cirée de nos enveloppes supporte toutes variations C’est simple de ne pas mourir les siècles précédents accumulent morts de froid morts de chaleur À présent conditionnées adaptation totale il n’y a plus rien à disparaitre ici Plus de végétation plus d’oxygène plus de procréation n’existe que l’attente naturelle comme la catastrophe Nous ne savons plus faire la différence entre le proche et le lointain Entre hier Aujourd’hui Demain Notions nulles et non avenues seule compte la traque
Askari wa kifaru sur mes épaules
De son bec rouge lance les alertes
Crie ma sentinelle, Merci
Chiene et moi luisantes de cire
Lavées d’eau chaude modelés
Par des mains anonymes
Nos os de glaise jusqu’à la perfection
IA + IH + ANIMAL
Échanges des dernières ressources des derniers savoirs c’était à la fin du XXIe nous avions volontairement fournis toutes nos données
Je suis, par le cœur, un bras, un œil et les hanches, humaines
Par le reste, artificielle
Par chance animale pour les sens
Végétale pour la soif la reproduction
Ce qui ne s’était pas perdu, de mutation en annihilation : la résistance
Inédit – livre en cours
http://www.perrine-lequerrec.fr/