
Les traces d’un voyage effectué il y a des années pour voir toutes les peintures de Vermeer se révèlent au contact d’une situation, d’une parole, d’une sensation. Il en découle parfois de courts textes dont certains paraîtront ici.
Sur la table, des boîtes.
Sur la table un nécessaire à écrire en métal où brille ce qui paraît être le reflet des fenêtres qui diffusent la lumière du jour.
Des choses trainent sur les tables, depuis que les tables existent. Des choses trainent sur les tables où on travaille, sur les tables où on mange, sur les tables de salon, de cuisine, d’entrée, sur les tables. Une théière parce qu’on a servi du thé. Des haricots qu’on est en train d’éplucher – c’est l’été. Une revue qui parle des vins, un torchon qui enveloppe quelque chose qui a la forme d’un œuf et qu’on ne voit pas bien, des coques de noix, des bagues enlevées, une agrafeuse. Des boîtes. Des boîtes d’où dépassent des rubans, des perles, des stylos, des élastiques.
Le chat enjambe ce désordre, quitte la table où il s’était installé et se poste sur le rebord de la fenêtre, fixe le dehors.
Une boîte d’allumettes avec la silhouette noire de la gitane comme une flamme, c’est une vieille boîte, une liste, un foulard traînent aussi sur la table. Un téléphone. Et un taille-crayons en forme de baleine. Des pièces. Des pièces d’or, des pièces d’argent. Sur l’épaisse table de bois une boîte, une jolie boîte à serrure ouverte avec des motifs d’écureuils affrontés d’où débordent un ruban bleu et un collier de perles, un petit coffret, un nécessaire à écrire, un masque – une feuille encore blanche, un livre ouvert. Sur une autre table, dans un autre tableau, ce sont de gros livres empilés. Un cahier de musique, un luth, un flacon bleu et blanc de porcelaine chinoise, une serviette. Un citron épluché sur une assiette nacrée avec un autre fruit, une pomme peut-être. Un plumeau, un billet, un collier. Un grand cahier ouvert. Une astrolabe, un globe, un compas. Ces étoffes lourdes, toutes chiffonnées n’ont pas été posées là par hasard. Il y a une corbeille contenant du pain, il y a un pichet au bord qui va tomber, une coupe avec des fruits à demi renversés. Toutes ces choses qui traînent sur nos tables.
Une lumière grave et bigarrée, verres de couleurs, un ton étrange, une beauté, un porte plume en corne.
L’air frais entre, nous sommes en été, c’est la nuit. Le chat sur le rebord de la fenêtre, les oreilles dressées, frémissant aux bruits.
Sur la table, des carnets, des feuilles en vrac, un presse papier dont la boule contient une image de papillon.

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