
Les traces d’un voyage effectué il y a des années pour voir toutes les peintures de Vermeer se révèlent au contact d’une situation, d’une parole, d’une sensation. Il en découle parfois de courts textes dont certains paraîtront ici.
Nous sommes toutes deux assises devant nos bols de soupe de part et d’autre de la table ovale, les rideaux verts sont tirés, c’est la nuit, tu rentres du cinéma et tu me parles de galaxies.
Des galaxies à l’infini, cela donne le vertige, on ne peut pas vraiment se figurer. C’est presque impossible et pourtant c’est peut-être vrai, sans doute, qu’il existe ailleurs, dans d’autres galaxies, des planètes habitables, plus habitables que la nôtre, d’autres vies, des vies autres, pas comme les nôtres, des vies d’êtres qui n’ont rien à voir avec nous : extra terrestres – ce ne sont peut-être pas des êtres, et ces vies peut-être pas des vies au sens où on l’entend sur notre planète à nous. Autres autres, tu es plongée dans une profonde rêverie, qu’est-ce que ça veut dire autre? Alien, c’est nous les Alien. Des galaxies à l’infini…
Connaître ce temps où le temps passe autrement, c’est une minute ici, et quand tu reviens sur terre, sept ans de ta vie se sont écoulés. Tu n’as rien vu, rien suivi. Et sur terre ça fait sept ans pourtant.Tu dis, comment se figurer quelque chose qu’on ne peut pas se figurer ?
L’astronome de Vermeer face à sa fenêtre aux carreaux dépolis par où la lumière entre se redresse un peu sur sa chaise pour faire tourner le globe où sont représentées les constellations avec des formes en rubans qui deviennent les rivières ou les dragons du ciel. Il a le bras tendu, le pouce et le majeur sur le globe comme pour mesurer quelque chose, de l’autre main prend appui sur la table, la table solide mais couverte d’un gros tapis qui remplace les arêtes par des plis. La fenêtre n’est pas ouverte. Pourtant l’infini est là, derrière toi, sur cette reproduction du tableau de Vermeer, comme dans ce film de science fiction qui t’a tant plu, qui t’a fait visiter les galaxies et que tu es en train de me raconter.
Et tu dis, tu te rends compte ? Les humains ne sont pas seuls dans l’univers, c’est impossible.
Et tu dis, d’autres univers, un univers sans début ni fin, mais qu’est-ce que ça veut dire ? quand j’essaie de me le figurer…
Derrière toi, un peu flou pour mes yeux sans lunettes, l’astronome de Vermeer au travail, livre ouvert, déployant son ample vêtement d’intérieur d’un bleu qui n’est pas celui du ciel. Tu éclates de rire et tu dis, ce bonhomme en robe de chambre, mais maman, ça n’a rien à voir. Mais Mamaaan ce n’est pas de cela que je te parle: je te parle de l’infini, l’infini des galaxies, et toi tu me montres encore un vieux tableau. Moi je te parle des galaxies. Des voyages interstellaires, intersidéraux. De l’infini. Des trous noirs, des supernova, des exoplanètes. On dirait que tu ne veux pas savoir.

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