Description
L’hôpital psychiatrique dans lequel vous séjournez est en proie à l’agitation. Vos voisins de cellule sont fébriles, le personnel soignant tendu ; les rumeurs se répandent, les incidents se multiplient. Vous ne voyez pas le rapport entre le trafic d’organes orchestré par l’infirmière en chef et la dénommée Buffy Summers aka la Tueuse, héroïne de série télévisée. Pourtant vous allez devoir enquêter, survivre, et peut-être même sauver le monde. Enfin si vous êtes prêt à jouer.
Roman interactif s’inspirant des traditionnels livres dont vous êtes le héros, La nuit je suis Buffy Summers mêle fan-fiction et détournements littéraires. Édité par les éditions ère en 2008.
Préface du livre par Pacôme Thiellement, La Tueuse
https://www.pacomethiellement.com
Chloé Delaume est née en 1973. Elle pratique l’écriture sous de multiples formes et supports depuis plus de deux décennies. Près d’une trentaine de livres comme autant d’expériences. Romans, fragments poétiques, théâtre; essais, autofictions. Lauréate du Prix Décembre 2001, elle a été pensionnaire à la Villa Médicis 2011-2012. Son dernier ouvrage, Le cœur synthétique, est paru au Seuil, dans la collection Fiction & cie, et a obtenu le Prix Médicis 2020.
https://chloedelaume.net
Extrait :
Didacticiel
Vous êtes parfaitement amnésique. Vous êtes une jeune femme et c’est tout. Ce que vous voyez c’est le mur situé en face de votre lit. Il est d’un blanc moite et crasseux. Vous notez : vous n’êtes pas sanglée. À votre gauche une tablette simple, aucun tiroir. Un espace, autre mur, fenêtre. Pas de rideaux, rayures ferreuses. À votre droite, une armoire et la porte. Un carreau plexiglas souligne le vivarium.
Vous vous appelez comme vous voulez ; l’apparence est à votre guise à l’instar de qui vous serez. C’est à vous de remplir la béance intérieure. Pour tous, vous êtes la 56, vous êtes arrivée avant-hier et n’avez pas quitté le lit. Vos avant-bras témoignent d’une récente perfusion.
Qui je suis, moi qui parle, ça n’a pas d’importance. Qui raconte ne change rien à ce qui s’est passé, se passe et se passera. Encore moins à ce que vous allez vivre. Vous. Car vous serez le je, puisque que le jeu commence.
Aussi, vous vous levez. Le jour vos déplacements seront toujours malhabiles, en raison des cachets que vous ingurgitez. Vous vous sentez flottante et vide, plus vide qu’il peut être possible. Votre hanche se cogne à la table de nuit. Vous ne ressentez aucune douleur, votre corps vous est étranger, enveloppe trop ample, pourtant menue. Vous apprendrez à l’habiter.