Rien que les heures

18.00

Pierre Ménard
Littérature
Format 11 x 17 cm, 270 pages
isbn : 978-2-492628-13-9
à paraître le 15 mai 2026
(souscription sur helloasso pour soutenir le livre du 8/09/25 au 20/12/25)

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Description

Pierre Ménard
Littérature
Format 11 x 17 cm, 270 pages
isbn : 978-2-492628-13-9
à paraître le 15 mai 2026
(souscription sur helloasso pour soutenir le livre du 8/09/25 au 20/12/25)

Rien que les heures
Au même instant, dans différents endroits du monde, 146 pays et 396 villes, le temps s’arrête, en alerte. La succession des scènes qui surgissent, des situations qui apparaissent dans le désordre comme autant d’épiphanies, forme une constellation d’instants suspendus, d’arrêts sur image. La juxtaposition de ces multiples strates du récit permet d’explorer simultanément différents points de vue dans une expérience polyphonique. Un lent cheminement qui révèle, de la veille au lendemain, le trait d’union reliant l’espace dans le temps, l’épreuve d’une présence au monde. Un monde où trouver sa place, où il y a lieu d’être. Ce récit n’est pas une invitation au voyage, mais une tentative de capturer l’ubiquité et la simultanéité des expériences humaines à travers le globe. Une traversée immobile qui nous relie aux autres et à nous-même.

Pierre Ménard
Né en 1969 à Ris-Orangis, Philippe Diaz est bibliothécaire, il vit et travaille à Paris. Publications précédentes : Le Spectre des armatures aux éditions Le Quartanier, Quand tu t’endors chez Actes Sud junior, Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture chez Publie.net, Laisse venir (coécrit avec Anne Savelli) et L’esprit d’escalier publiés par La Marelle, Mémoire vive, chez Abrüpt. Pierre Ménard est le pseudonyme qu’il a choisi en tant qu’auteur prolifique de littérature numérique et d’expérimentations transmédiales. Son site : liminaire.fr

Extraits

Elle se penche à la fenêtre sans arrière-pensée. Les sons de la rue l’interpellent : une sirène stridente, un klaxon, un cri lointain, l’aboiement d’un chien. L’impression de voir sans être vue, surplombant le théâtre miniature qui s’anime en contrebas. Un vendeur ambulant échange avec ses clients. La rue s’agite comme une partition improvisée, chaque geste, chaque voix, jouant sa note dans cet orchestre quotidien.

Les pèlerins se rassemblent pour honorer les esprits. Le village bruisse d’effervescence : processions bigarrées, figures travesties, beuveries mêlées de transes. Une femme âgée, avec ses poupées alignées sur une balançoire, le toise d’un regard ambigu. Cette femme pourrait tout aussi bien être un homme. Qui est-il pour en juger ? Dans son sourire, une forme d’invitation. Chaque pas devient danse, chaque geste, jubilation. Dans cette foule métamorphosée, les rôles et les corps se dissolvent dans une fête où tout est permis.

La fatigue l’écrase, son corps lâche, chaque mouvement devient lutte. La lumière lui brûle les yeux, même fermés. Des points scintillants dansent devant elle, une fièvre lourde serre ses tempes. L’homme applique un gant d’eau fraîche sur son front, essuie les gouttes de sueur. Le tissu humide posé délicatement apaise instantanément. Le contact semble suspendre la douleur, laissant place à un bref soulagement.

Derrière les barrières de l’ambassade d’Italie, une foule attend. Les pieds battent le sol pour se réchauffer, une danse improvisée contre le froid. Ils espèrent des papiers d’identité, une issue : passeports, visas, une promesse d’échappatoire. Les voix murmurent dans une langue inconnue. Le spectacle est étrange, presque clandestin. Sentiment d’entrer par effraction à l’intérieur d’une communauté secrète, et d’autant plus mystérieuse qu’elle s’exprime dans une langue inconnue.

Ils se regardent sans parvenir à se voir réellement. Jeu de dupes vertigineux. L’homme cherche une vérité qu’il est incapable de percevoir. Il contemple impuissant un spectacle dont il est la victime. Cela l’empêche de comprendre ce qui lui arrive. Le visage grimaçant dans les bris de glace. Le labyrinthe des cassures du miroir. Dans une logique de domination destructrice à laquelle personne ne peut échapper. Un jeu cruel. C’est un peu triste, à la manière d’un enfant qui ne grandirait pas.