La tectonique des bons sentiments
par DeYi Studio
Puisque vous avez bien voulu nous suivre hier au Stade de France transformé en galerie
d’art, merci d’y rester encore un instant pour une observation de fin septembre égarée
depuis entre deux mails.
L’effusion des nobles valeurs olympiques est déjà loin et la parenthèse bien refermée.
L’heure est aux bippeurs piégés et aux bombes de deux tonnes. Sans doute avez-vous
oublié depuis longtemps la cérémonie de clôture des jeux de Paris-2024. Et si vous ne
l’avez pas vue vous n’avez rien perdu. Sauf cette étrange plateforme déployée au milieu du
stade. Les critiques peu convaincus n’y ont rien vu de particulier, au delà d’un plateau
chaotique pour quelques prestations incohérentes. Un genre de banquise pour pingouins
survoltés. Les journalistes à l’antenne y voyaient quant à eux sans hésiter un planisphère.
C’est en tous cas ce qu’ils avaient lu dans le communiqué de presse. C’était, disaient-il,
quelque chose comme une représentation de la merveilleuse harmonie des continents
rassemblés dans une communion festive autour de l’exploit sportif, du fair-play et du
dépassement de soi (mais surtout des autres). Une sorte de plateau de camaraderie
tectonique. Mais de notre côté, vautrés dans le canapé, mauvais esprit rétifs à la
compétition, au hasard d’un zapping désenchanté, nous avons plutôt cru y voir
soudainement les silhouettes acérés de F15, F117, Rafales, Mig35 et autres furtifs
malfaisants. La planète figurée en armure futuriste de titane anodisé, à la fois armada de
porte-avions, piste d’envol multi-directionnelle et base spatiale de la guerre des étoiles.