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#72/ Les Courants de Philippe Jaffeux par Éric Arlix

Un instant est toujours utile à une pulsion s’il ne nous laisse pas le temps de penser.

Notre imagination nous apprivoise depuis que chaque animal nous raconte une histoire.

L’alphabet contribue à une définition évidente du vide dès qu’il ne nous sert plus à rien.

L’eau nourrit notre faim d’absurdités si nous buvons de l’air pour enivrer notre appétit.

L’air nous remplit nuit et jour avec sa transparence pour nous montrer le chemin du vide.

Une organisation anarchique de lettres prive les pouvoirs publics de leur autorité illégale.

L’écriture d’un analphabète prospère car elle répond à l’appel d’une résistance littéraire.

La beauté exploite notre plaisir depuis que le travail de l’art est au service de l’esthétique.

L’inconnu nous donne toujours ce que nous voulons parce qu’il sait ce que nous ignorons.

Un cerveau produit une électricité qui court-circuite l’alimentation de chaque ordinateur.

Notre personnalité nous repousse d’autant mieux que nous acceptons un vide irresponsable.

La manière d’affronter un ego sécurisant déstabilise un fatras de menaces narcissiques.

Il est inutile de briller sur notre terre puisque nous pouvons lever nos yeux vers les étoiles.

La création d’une situation chaotique trouve des mots qui ne savent plus rester à leur place.

Un instant est toujours plus rapide qu’une phrase si nous n’avons pas le temps de le lire.

Les dieux s’éteignirent lorsque le ciel descendit sur terre pour mettre en lumière l’électricité.

Notre enthousiasme renait dans un vertige de la musique si un déclin de l’art nous enivre.

Deux pensées se frotte l’une contre l’autre en vue de faire jaillir une interligne étincelante.

Les nombres s’ajoutent à la folie d’un alphabet qui se soustrait aux calculs des ordinateurs.

Seuls les animaux nous rendent plus humains parce qu’ils savent tous nous domestiquer.

Notre franchise apparaît dans des hallucinations qui éclipsent les impostures de la beauté.

La grâce gigogne de l’infini engendre des apparences qui s’emboîtent l’une dans l’autre.

La musique interprète tous les arts car elle nous parle de ce que nous ne pouvons pas dire.

Les instants savent comment désobéir à un temps qui ne sait pas pourquoi nous le mesurons.

Notre folie est d’autant plus compréhensible qu’elle révèle l’absurdité de notre intelligence.

Un analphabète nous éduque lorsque nous parlons pour que les lettres apprennent à se taire.