Publié le

#82/ La biblio TINA (1/5)

Publié le

#72/ Les Courants de Philippe Jaffeux par Éric Arlix

Un instant est toujours utile à une pulsion s’il ne nous laisse pas le temps de penser.

Notre imagination nous apprivoise depuis que chaque animal nous raconte une histoire.

L’alphabet contribue à une définition évidente du vide dès qu’il ne nous sert plus à rien.

L’eau nourrit notre faim d’absurdités si nous buvons de l’air pour enivrer notre appétit.

L’air nous remplit nuit et jour avec sa transparence pour nous montrer le chemin du vide.

Une organisation anarchique de lettres prive les pouvoirs publics de leur autorité illégale.

L’écriture d’un analphabète prospère car elle répond à l’appel d’une résistance littéraire.

La beauté exploite notre plaisir depuis que le travail de l’art est au service de l’esthétique.

L’inconnu nous donne toujours ce que nous voulons parce qu’il sait ce que nous ignorons.

Un cerveau produit une électricité qui court-circuite l’alimentation de chaque ordinateur.

Notre personnalité nous repousse d’autant mieux que nous acceptons un vide irresponsable.

La manière d’affronter un ego sécurisant déstabilise un fatras de menaces narcissiques.

Il est inutile de briller sur notre terre puisque nous pouvons lever nos yeux vers les étoiles.

La création d’une situation chaotique trouve des mots qui ne savent plus rester à leur place.

Un instant est toujours plus rapide qu’une phrase si nous n’avons pas le temps de le lire.

Les dieux s’éteignirent lorsque le ciel descendit sur terre pour mettre en lumière l’électricité.

Notre enthousiasme renait dans un vertige de la musique si un déclin de l’art nous enivre.

Deux pensées se frotte l’une contre l’autre en vue de faire jaillir une interligne étincelante.

Les nombres s’ajoutent à la folie d’un alphabet qui se soustrait aux calculs des ordinateurs.

Seuls les animaux nous rendent plus humains parce qu’ils savent tous nous domestiquer.

Notre franchise apparaît dans des hallucinations qui éclipsent les impostures de la beauté.

La grâce gigogne de l’infini engendre des apparences qui s’emboîtent l’une dans l’autre.

La musique interprète tous les arts car elle nous parle de ce que nous ne pouvons pas dire.

Les instants savent comment désobéir à un temps qui ne sait pas pourquoi nous le mesurons.

Notre folie est d’autant plus compréhensible qu’elle révèle l’absurdité de notre intelligence.

Un analphabète nous éduque lorsque nous parlons pour que les lettres apprennent à se taire.

Publié le

#66/ Trois essais sur Twin Peaks, de Pacôme Thiellement, par Frédéric Moulin

‟… that reductive approach to reality which is considered realistic.”
(Susan Sontag, On Photography)
‟Heaven is a place where nothing ever happens”
(TALKING HEADS)
Rémanence de Phillip Jeffries, profil impromptu.

Johannes Itten

Publié le

#65/ Le quart d’heure de silence par la revue TINA

Literature and Art Hospital, 46 Tianping Rd, Xuhui District, Shanghai

Publié le

#52/ À propos d’une polémique par Pierre Tenne


Publié le

#47/ L’ouvrage qui tombe à pic par Christophe Leclercq


Publié le

#41/ La femme du lac de Sandra de Vivies par Éric Arlix


Publié le

#39/ M, l’enfant du siècle d’Antonio Scurati par Éric Arlix


Antonio Scurati
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_Scurati

Giacomo Matteoti
https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Matteotti

Squadrisme
https://fr.wikipedia.org/wiki/Squadrisme

Publié le

#36/ Un inventaire des résistances par Christophe Leclercq

♦ FAIRE UNE GRÈVE GÉNÉRALE. En théorie, une véritable grève générale provoquerait l’effondrement du capitalisme. Chiche ? […]

♦ JETER DE L’ARGENT DEPUIS UN HÉLICOPTÈRE (PROPOSER DE). La politique économique consistant à verser de l’argent directement aux citoyen·nes, notamment pour lutter contre la récession, est appelée « monnaie hélicoptère ». En 2000 en Italie, invité à créer une œuvre pour une exposition à Pescara, l’artiste français Matthieu Laurette propose de jeter, depuis un hélicoptère, le budget qui lui est confié. Refus (The Helicopter Project/The Money Rush). 

FAIRE GALOPER L’INFLATION. Le 7 novembre 1988, pour figurer l’hyperinflation que subit la Pologne, Krzysztof Skiba et quelques autres artistes se munissent de pancartes portant l’inscription « Inflation » et descendent en courant la principale rue de Łódź. La milice stoppe alors cette inflation galopante (Galloping Inflation).  […]

FAIRE UN TIERS. De 2006 à 2009, l’artiste français Yann Vanderme fait 33 % de toutes sortes de choses : il fait couper 33 % de ses cheveux, voit 33 % d’un film, compose 33 % d’un numéro de téléphone, etc. (Faire les choses à 33 %). 

♦ LEURRER LES MOTEURS DE RECHERCHE. À partir des années 2000, les moteurs de recherche en savent beaucoup sur les internautes grâce à l’observation de leurs requêtes en ligne. En 2006, les chercheur et chercheuse états-uniens Daniel Howeet Helen Nissenbaum mettent au point « TrackMeNot », un outil permettant de perturber cette surveillance par l’ajout de nombreuses recherches fictives. Ainsi, si une personne s’intéresse aux problèmes d’érection, ses recherches seront noyées parmi d’autres, portant sur l’éducation des chihuahuas, la physique quantique ou le débouchage des éviers. […]

♦ OFFRIR TOUT LE MAGASIN [1]. Dans les années 1960, le collectif anglais anarchiste King Mob fait imprimer des affiches proclamant « Free shopping day » et le placarde à l’entrée de grands magasins. Les affiches précisent que les client·es peuvent emporter, sans payer, un plein chariot de marchandises. Une autre fois, déguisés en pères Noël, ils dévalisent les rayons d’un supermarché de Londres et offrent les articles aux enfants. 

♦ OFFRIR TOUT LE MAGASIN [2]. En 2003, le collectif d’artistes danois Superflex met en place la gratuité dans un magasin de Tokyo (Free Shop). Aucune annonce ni explication ne sont fournies. La durée de l’opération n’est pas divulguée. Lorsque les client·es arrivent à la caisse, le total de leurs achats s’élève à zéro. 

♦ OFFRIR TOUT LE MAGASIN [3]. À Toulouse, les employé·es d’un supermarché font grève et laissent les client·es tout emporter. 

♦ OFFRIR AU MAGASIN. En 1995, l’artiste français Pierre Huyghe entre dans un supermarché, se dirige vers le rayon des livres, sort furtivement un volume de sa poche, le dépose sur la pile, puis s’enfuit. L’œuvre, susceptible de fausser l’inventaire du commerçant, s’intitule Dévoler.

La « voie balte », 23 août 1989

♦ SE DONNER LA MAIN. Le 23 août 1989 dans les pays baltes, près de 2 millions de personnes (soit un tiers de la population) se donnent la main pour former une chaîne humaine et réclamer ainsi l’indépendance de leurs pays. Cette chaîne humaine, allant de Vilnius à Tallinn en passant par Riga, sera appelée la « voie balte »

♦ RESTER ASSISE. Le 2 mars 1955 dans l’Alabama, Claudette Colvin, une jeune fille noire âgée de 15 ans, s’assoit dans un bus pour se rendre à l’école. Lorsque le chauffeur du bus lui demande de se lever pour laisser la place à un passager blanc, conformément à la loi, elle refuse. Le chauffeur appelle la police qui, face au refus persistant de l’adolescente, l’arrête et la met en prison. Elle sera ensuite condamnée pour agression sur agent de police.

♦ SE BAIGNER DANS UN CANAL. Le 21 septembre 2013 à Venise, un groupe d’activistes nagent dans le canal de la Giudecca, empêchant le passage des navires de croisière géants. Cette périlleuse baignade leur vaudra de lourdes amendes. Mais, le soir même, la ministre de l’Environnement proposera d’interdire la traversée de la Sérénissime aux monstrueux paquebots. 

♦ HÉBERGER. Au XVIII siècle en France s’amorce le contrôle des étrangers. En juin 1772 à Bordeaux, le portefaix Pierre Bernon, dit l’Espérance, héberge, sans les déclarer, des migrant·es venu·es de Touraine, de Saintonge ou du Languedoc. Son sens de l’hospitalité lui vaudra une amende. 

♦ TOUT MONTRER. De 1996 à 2003, l’artiste états-unienne Jennifer Ringley diffuse en direct sur Internet, au moyen de webcams, tous les instants de sa vie chez elle. [→ Voir aussi « saturer la CIA »] 

♦ NE RIEN MONTRER. En 1969, l’artiste états-unien Robert Barry envoie des invitations pour des expositions à Los Angeles, Amsterdam et Turin, tout en précisant que les galeries concernées seront fermées (Closed Gallery Piece). [→ Voir aussi « inviter à des expositions qui n’existent pas »] 

♦ AFFICHER SAUVAGEMENT. Au XVI siècle, l’apparition de l’imprimerie facilite le développement de l’affichage sauvage. Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534, des protestants collent ainsi dans Paris des « placards » anticatholiques. En réaction à ces affichettes virulentes, le roi François Ier ordonnera des exécutions et instaurera le monopole royal sur l’affichage public. […]

♦ FAIRE LA GRÈVE DANS UNE NÉCROPOLE. Au XII siècle avant Jésus-Christ en Égypte, les ouvriers bâtissant des tombes de la vallée des Rois sont affamés. Ils décident de cesser le travail. Face à cette grève – la première connue des historien·nes –, les autorités rétabliront un approvisionnement régulier en blé. […]

OFFRIR DES FLEURS. En 1965, le poète états-unien Allen Ginsberg suggère aux manifestant·es d’offrir des fleurs à la police venue les affronter. Largement repris, ce geste deviendra le symbole du pacifisme du mouvement hippie et de son slogan « Flower power ».

LEVER UN POING ANTIFASCISTE. Dans les années 1920, en réponse au salut fasciste, l’organisation communiste allemande Roter Frontkämpferbund (Union des combattants du Front rouge) invente le symbole du poing levé, signe de révolte, de force et de solidarité. Il sera mondialement repris.  

Georges Grosz, « Abrechnung Folgt ! » (On règlera nos comptes), 1923. 

Publié le

#29/ Vies sauvages de Daniel Fohr par Éric Arlix

Daniel Fohr, Vies sauvages, éditions Inculte, 2024.
242 pages – 22 euros