Les conseils de Défense seront quotidiens Les semaines décisives seront courantes La guerre cognitive en direct live sera la norme Les indignations fortes ou faibles seront sans effet Des combinaisons de lettres et de chiffres feront la Une chaque jour (ex. : GBU-57) Les récits changeront en un clin d’œil Les médias feront de meilleurs chiffres chaque jour Les Think Tank feront de meilleurs chiffres chaque jour Les mauvaises options seront fréquentes Les dommages collatéraux seront habituels Les intérêts nationaux seront continuellement impactés Les réserves prononcés seront quotidiennes Les dénominations seront avilissantes au possible (barbares, sauvages, sous-hommes, nazis, animaux) L’économie de guerre permettra d’ignorer les réalités du monde Les rétro-pédalages seront ordinaires Les remises en cause des acquis seront chroniques Les fakes news seront naturelles Le culte de la croissance restera inaltérable Les centrales nucléaires seront placées directement dans les entreprises, à côté de la machine à café Les pulsions pour le luxe seront immarcescibles Les signes extérieures de vulgarité seront inébranlables L’augmentation du taux d’équipement en piscine individuelle sera continu Les entourloupes seront fermes comme un roc Les populismes seront la seule offre politique disponible Les justifications casuistes seront quotidiennes efficaces ni-vues ni-connues abracadabra Le chaos sera désormais la norme, le paysage La fin du capitalisme s’étendra sur des siècles encore Puis la vraie histoire du monde pourra commencer
Les traces d’un voyage effectué il y a des années pour voir toutes les peintures de Vermeer se révèlent au contact d’une situation, d’une parole, d’une sensation. Il en découle parfois de courts textes dont certains paraîtront ici.
Nous sommes chez la reine d’Angleterre. C’est l’été des jeux olympiques à Londres et Buckingham a ouvert ses collections de joyaux et de peintures au grand public. Nous sommes nombreux. Cette salle du palais n’est pas climatisée. Un filin de métal nous tient à distance des tableaux. Il doit y avoir un mètre cinquante entre les peintures et nous, les spectateurs. Tout au fond d’une pièce que le bruit, la distance, les dorures ambiantes, rendent lointaine, deux personnages de Vermeer s’adonnent à la musique. Tout au fond de cette pièce peinte est accroché un miroir qui reflète la jeune femme debout, de dos, faisant face à son clavecin, son épinette. Difficilement lisible depuis la foule moite qui piétine, ce reflet matérialise l’insaisissable, il vous ferait perdre le contact avec le monde tangible qui vous entoure. C’est vertigineux. Impossible de savoir si c’est la distance ou la touche de Vermeer qui crée cette difficulté pour l’œil à accommoder, et si vous vous penchez trop, un gardien vous rappelle à l’ordre. De toutes façons il faut avancer car derrière vous les autres font la queue et vous pressent. Un homme aux cheveux longs, en tenue noir et blanc, appuyé sur une canne, raide, sévère, se tient aux côtés de la jeune femme de dos. Dans ce tableau tout est coupé, les corps, les objets, le tapis monumental au premier plan, une toile au mur, sur la droite où l’on distingue une espèce de torsade sans doute humaine. La leçon de musique. L’homme donne une leçon de musique à la jeune femme debout devant le clavecin. On ne voit pas les mains de la joueuse. Personne ne s’occupe de l’encombrante viole de gambe posée au sol derrière elle. L’homme a les lèvres entr’ouvertes mais si c’est pour suggérer qu’il chante, ce n’est pas convaincant. Le visage de la femme, reflété dans ce miroir qui enfonce le spectacle dans des profondeurs incertaines, est légèrement tourné vers cet homme plutôt sinistre. C’est un gentilhomme, il est bien habillé, manches bouffantes, col blanc, écharpe oblique en travers du corps. À gauche deux grandes fenêtres masquent le dehors et permettent à la lumière d’entrer. Le tableau s’appelle quelquefois La leçon de musique, quelquefois Gentilhomme et dame jouant de l’épinette. Il s’est appelé autrefois Une demoiselle jouant du clavecin dans une pièce avec un monsieur qui l’écoute, Une femme jouant de l’épinette en présence d’un homme qui semble être son père. A droite, dans la grosse torsade beige sur le tableau tronqué, un éminent historien de l’art a identifié la composition d’une Charité romaine de l’atelier du peintre van Baburen qui appartenait à la belle-mère du peintre, chez qui Vermeer et sa nombreuse famille habitaient. La confrontation entre le thème antique de la Charité romaine (une fille sauve son père de la mort en lui donnant le sein) et l’atmosphère raide et glacée de ce moment musical est saisissante. À gauche le vide, à droite l’encombrement des objets. Le miroir, le clavecin, la chaise, la table couverte de son tapis, s’échelonnent de manière rigide, presque mécanique. Seul objet vu en entier, une aiguière, sur le côté, intensément blanche, modelée par la lumière, est posée sur un plat fin, doré, en raccourci, légèrement tronqué lui-aussi. De l’autre côté, c’est le vide, il n’y a rien. Que lire dans les marbres du sol, les lignes du tapis, le dessin des vitraux, les motifs ornementaux du clavecin? Et en avant du tableau ? Dans le hors-champ que le troupeau des visiteurs emplit aujourd’hui ? Cette forme de meuble indéfinissable reflétée tout en haut du miroir? Il est peu probable que l’atelier de Vermeer ait ressemblé à cette salle de palais même si elle date peut-être de l’époque où il vivait. Quel désordre, de couleurs, de pinceaux, de flacons, de pots, de palettes à été là, à notre place, pour que le tableau se fasse ? Ou tout était-il bien rangé ? De ce côté-ci du filin qui nous sépare des biens de la reine, nous formons une ligne horizontale dont le bavardage s’écoule distraitement devant des tableaux dont les protagonistes nous ignorent. C’est un peu plus tard que je déchiffrerai sur mon téléphone portable, l’inscription que je ne parviens pas à lire sur le couvercle du clavecin: MUSICA LAETITIA COMES MEDICINA DOLORUM: la musique, compagne de la joie, remède de la douleur.
La revue TINA est fière de proposer aux passants et à la scène artistique shanghaïenne les recherches de trois artistes françaises. Francine Flandrin dont les dessins explorent la comédie humaine et les perturbations du monde. Hortense Gauthier poète performeuse dont le travail s’articule autour des relations entre corps et espaces. Elsa Werth qui explore les thèmes de l’information, de la production marchande et de leurs relations avec divers cercles sociaux.
Vernissage Live vidéo Le samedi 10 janvier 2026 (12h Paris – 18h Shanghaï)
Francine Flandrin Artiste hétérodoxe, ses dessins (séries Step in my shoes, Just Kids, We can be heroes) explorent la comédie humaine et les perturbations du monde, ses recherches plastiques (peintures, céramiques, installations) et performatives proposent une expérience du temps qui passe. https://www.instagram.com/francineflandrin/
Hortense Gauthier Artiste, poète, performeuse, créatrice sonore, elle développe depuis 2006 un travail d’écriture intermédia. Dans une dynamique transtextuelle, elle interroge les matérialités multiples du corps, et les différentes dimensions du temps et de l’espace, à travers des créations protéiformes (performance, installation, photographie, video, musique acousmatique …) et des projets géopoétiques mêlant art action, marche, et dispositifs numériques. https://www.hortensegauthier.org
Elsa Werth Artiste. Elle utilise des objets du quotidien, des gestes, des systèmes, des langages, ainsi que des activités liées aux rituels contemporains. Elle explore les thèmes de l’information, de la production marchande et de leurs relations avec divers cercles sociaux. Elle revendique des productions anti-spectaculaires comme tactiques de résistance. https://www.elsawerth.net
48°50’06″N 2°22’18″E samedi 13 septembre de 16h30 à 19h30
Retrouvez l’équipe TINA et surtout le n°1 de la revue papier (in)visibilité(s). Des palettes d’exemplaires de la revue seront livrées sur place par des hélicoptères affrétés par nos mécènes habituels ainsi que des boissons fraîches aux noms exotiques. Retrouvez-nous en présence de DeYi Studio, Christine Lapostolle, Frédéric Moulin, Claude Closky, Clément Bleu–Pays, Christophe Leclercq, Élisabeth Sierra, Elsa Werth, Ian Soliane, Pierre Ménard, Sébastien Montero, Noëlle Rollet, Éric Arlix, …
Programmez dès aujourd’hui une sonnerie pour le 18 juillet 2025 à 14 heures 16 minutes et 12 secondes. À l’instant T, où que vous soyez, quoi que vous fassiez, écrivez la première phrase qui vous vient à l’esprit et envoyez-là dès que possible à TINA : contact@editionsjou.net L’article TINA online du 19 juillet rassemblera, sous la signature collective TINA, les phrases reçues de l’instant T(ina). Pourquoi cette date, cet horaire ? (début du code dans l’image)
La révolution TINA, le 16 août 2025 à Paris et ailleurs C’est une épreuve. C’est vraiment long. Entre 7 et 9h de périple. 34 kilomètres. C’est une révolution (un mouvement en courbe fermée autour d’un axe ou d’un point, réel ou fictif, dont le point de retour coïncide avec le point de départ). Un tour de Paris par le boulevard des Maréchaux. Il n’y a pas d’objectif projeté même pas de finir le tour, c’est une marche, avec des imprévus, sinon ce serait un trajet, vous pouvez en faire 5, 10, 22 des kilomètres, vous pouvez bifurquer, ne pas se faire mal surtout, départ à l’Est à 8h30 du matin Porte de Vincennes retour à l’Est à 17h ? 18h ? 19h ? Si vous n’êtes pas à Paris marchez avec nous à distance ce samedi 16 août 2025 et envoyez une photo et/ou un texteà TINA de votre révolution (l’article sera publié le 17 août).
« Retour vers le futur » TINA vous propose de redécouvrir des textes ///2012
Paru en 2012 aux éditions ère Ultimo est constitué de 92 définitions recomposées à partir du Petit Robert. Dans une page du dictionnaire, briser des fragments de définition, les assembler, et donner une définition nouvelle au mot qui indexe la page (premier mot des pages paires, dernier des pages impaires). Ci-dessous les 11 premières définitions.
ACALÈPHES [akalèf] n. m. pl. D’un caractère désagréable, aigre, grande méduse à nageoire dorsale épineuse brun rougeâtre qui occupe la salle de bains pendant des heures en profitant du calme passager de la mer et comprenant des milliers d’espèces, dont une, ornementale, est appelée patte d’ours. ⇒ monopoliser, truster ; spéculer. « Tout événement a deux aspects, toujours chameau si l’on veut, réconfortant si l’on veut » (barbey). — méd. Est responsable d’un type d’asthme allergique, parasite de l’adulte, très pénible.
ADORABLE [adoRabl] adj. L’âge qui succède à l’enfance produit un poison violent et constitue le premier temps d’une rupture des liens. L’entrée de la puberté dans le support matériel de l’hérédité s’applique dans le cycle avec constance. par exagér. On reconnaît pour sien un sentiment de joie et d’épanouissement devant le beau papillon diurne écartelé entre la Chair et la Terreur. Vous serez satisfait, vous ne pourrez vous en passer. — Après les premières épreuves : réprimander sévèrement, sans condamner, mais en avertissant de ne pas recommencer.
AGRESSIVITÉ [agRésivité] n. f. Appellation politique de partis qui, sans ménagement, défendent les intérêts des propriétaires dans l’espoir de débaucher quelques éléments intéressants du petit clan et de les agréger. Si cela peut joindre l’utile et l’harmonieux. absolt. Réflexe du nourrisson qui ferme la main sur tout objet de l’activité économique à sa portée. vieilli. Art mineur cultivé pour le simple plaisir, pratiqué en amateur, qui plaît au sens, qu’on voit et qu’on entend agréablement. Une dispute agrémentée de coups de poing.
ANTHONOME [BtOnOm] n. m. La théorie cosmologique stipulant que l’univers a été créé pour que l’homme puisse l’observer et qui fait de l’humanité la cause finale de toutes choses est une page brillante, digne de figurer dans une radiation atomique, un extrait de goudron de houille, une souche de bactéries due à l’inhalation d’un champignon, un amas de plusieurs furoncles avec nécrose de la partie centrale. Sa larve détériore les encéphales volumineux s’appuyant pour marcher sur le dos des phalanges des mains et ses œufs aux effets nocifs infiltrent les institutions, les techniques, des diverses sociétés.
ARRIÈRE-FAIX [aRJèRfè] n. m. inv. Le bulbe rachidien, la protubérance annulaire et les pédoncules, c’est bon quand ça s’arrête. Gaulé au moment de la conclusion d’une promesse dans les névroses infantiles, on s’assied, on voit passer la foule dont l’âge mental est inférieur à l’âge réel. Halte.N’en dites pas plus. Son choix, sa décision, son parti, sont remis à huitaine, derrière la ligne des demi-dettes échues, en dehors de la zone des opérations militaires. ⇒ impayé.
ATTACHÉ-CASE [ataHékèz] n. m. Porter les premiers coups à l’improviste, s’élancer sur quelqu’un à coups de poing, de bâton, de couteau, s’adjoindre deux loubards d’un rire strident, dénigrer les sports d’équipe, les rosiers, le féminisme, se consacrer aux lions ridicules qui rongent les lacets, coller fortement des pucerons au fond du récipient de cuisson, signe le brusque retour d’un état morbide du sentiment unissant une personne aux personnes ou aux choses qu’elle affectionne, comme d’attacher une chèvre à un grelot ou au cou d’un chien.
BARYE [baRi] n. f. Un très gros cigare recourbé empêche les rapports sexuels. Tenir la barre avec des pièces de bois ou de métal, des crochets, s’annonce mal. Une douleur interne aiguë, ressentie comme horizontale, de l’angle sénestre à l’angle dextre de la pointe, est un obstacle qui freine le déferlement violent de la houle. — Appuyer avec l’index le long du manche, dans le sens transversal, permet de rétablir une situation compromise, plaident les avocats à l’audience.
BERTILLONNAGE [bèRtiJOnaj] n. m. Le jumeau qui devait combattre contre les bêtes féroces au comportement sexuel déviant a obtenu un grand succès de librairie. Cela n’a pas été facile. Imposé par la profession ou par tout autre chose, ce qu’il est nécessaire de dire à l’appui de la cause qu’il défend est un besoin pressant, impérieux, irrésistible, de brûler les étapes, précipiter les choses. Des parents besogneux, un caractère bestial, des insectes, des souris, des rats et autres bestioles : qu’est-il besoin d’aller chercher l’enfer dans l’autre vie ?
BILABIÉ [bilabJé] n. m. et adj. Théorie cosmologique selon laquelle l’Univers ayant contracté un second mariage sans qu’il y ait dissolution du premier est marié à deux personnes en même temps. Bigre oui ! Bigre ! Quelle aventure ! Formé d’une punaise de sacristie en zinc dans laquelle on chante un air et d’une grenouille de bénitier qui manifeste une dévotion outrée et étroite, ce petit objet ouvragé partagé en deux lèvres, autour duquel on enroule chaque mèche de cheveux, précieux par la matière ou par le travail, est toujours en expansion.
BLUSH [blFH] n. m. Terme d’affection donné aux réfugiés politiques fuyant leur pays, le chapeau à bords rabattu sur la calotte, des sous-vêtements féminins couvrant le tronc, tenant des propos fantaisistes et mensongers qu’on imagine par plaisanterie pour tromper ou se faire valoir. — « Allons, Blush, dépêche-toi, s’écria M. Bonnichon, secouant magnifiquement son bonnet » (barbey). — admin. L’ouvrier constricteur chargé de dévider les craques, réduire à son et farine certains boniments de la presse (avant que les « gens des bateaux » ne s’étouffent), de broyer les crânes de veau, franchit tous les degrés de la perfection, sauf le dernier.
CAUSE [koz] n. f. La partie de l’optique qui étudie la réflexion est un animal légendaire à long cou grêle dont la tête traîne à terre, un nœud ou un ruban attachant ses cheveux. Pourvue d’une queue qui parle volontiers, son discours violemment hostile donne une sensation de vive douleur qui annonce les lésions nerveuses. En vertu de quoi, inutile de donner raison à sa réussite involontaire. — psychan. Son rêve préféré, avec les chrysanthèmes, est l’angoisse.